“ Il y a plus de 30 ans, il y avait 100 000 abandons par an. Bien que le nombre d’animaux de compagnie ait doublé, le chiffre des abandons demeure inchangé. Soit nous sommes devenus très vertueux, soit les chiffres sont faux. ”

Cette semaine, une entrevue exclusive avec Loïc Dombreval, docteur vétérinaire, ex député et rapporteur de la loi contre la maltraitance animale votée en 2021 et aujourd’hui président du Conseil National de la Protection Animale (CNPA), nous plonge au cœur d’une initiative importante : la mise en place d’un numéro national pour signaler la maltraitance animale.

En tant qu’association qui lutte contre la maltraitance faite aux animaux, nous saluons cette avancée cruciale pour la protection et le bien-être de nos compagnons à quatre pattes. Voici les détails :

Le Système en Action : Une Nouvelle Voie pour nos Amis les Animaux

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste concrètement ce système de signalement téléphonique et comment il fonctionne ?

L’idée est de mettre en place un numéro national dédié au signalement des cas de maltraitance animale, couvrant tous les types d’animaux et de maltraitances. Ce numéro « réflexe », facile à mémoriser, sera largement diffusé, mettra en relation l’appelant avec un répondant formé spécialement formé. L’objectif est de diminuer le temps de prise en charge de l’animal maltraité.

Il est important de souligner que ce numéro n’est pas là pour se substituer aux lignes téléphoniques existantes proposées par les associations. L’idée est d’établir un numéro national offrant une solution rapide et rassurante pour ceux qui ne savent pas où appeler en cas de besoin.

La ligne sera ouverte tous 7 jours sur 7 et 365 jours par an, sauf la nuit. La nuit, nous mettrons en place un formulaire de signalement en ligne à renseigner et qui sera traité dès la première heure le lendemain.

Nous en sommes à la première phase du projet : le but est de le présenter au plus grand nombre puis d’en faire une réalité.

Ensuite, il faudra faire connaître largement le numéro. Notons aussi qu’un dispositif d’analyse des appels permettra de collecter des informations et de réaliser des statistiques. Sans ces données et ces statistiques il ne peut pas y avoir de bonne politique publique. En observant le nombre d’abandons par an qui demeure soi-disant inchangé depuis plus de 30 ans, on peut légitimement penser qu’il y a un problème dans la collecte de données.

Une collaboration Cruciale

Comment envisagez-vous la collaboration avec les associations de protection animale ?

Nous avons réuni tous les participants lors d’une visioconférence, incluant la directrice générale de l’AVA, Elisa Gorins, pour discuter du projet. Le CNPA a pour objectif de rassembler toutes les associations qui le souhaitent pour travailler sur des projets communs. Certains ont adhéré et soutiennent notre projet, et nous en sommes très fiers et heureux.

Les associations qui ont choisi de s’impliquer ont apporté différentes formes d’aide, contribuant à formuler de façon exhaustive tous les motifs de signalement possibles (environ une cinquantaine), fournissant des conseils sur les procédures à suivre, et promettant de promouvoir le numéro une fois opérationnel. Ces contributions visent à rendre le numéro opérationnel rapidement.

Pensez-vous qu’un tel système pourrait améliorer la coordination entre les différentes parties prenantes comme les forces de l’ordre et les organisations de protection des animaux ?

Le numéro servira de régulateur, de filtre entre l’appelant et les forces de l’ordre. Celles-ci, quand elles recevront un signalement provenant du CNPA sauront que le cas a été analysé et filtré par des professionnels et qu’il convient de le prendre rapidement en considération. Ce lien, cette collaboration directe et étroite que nous souhaitons établir avec la police, la gendarmerie, la DDPP, et les pompiers dans certains cas sera essentielle.

Pensez-vous que les avancées en faveur de la protection des animaux doivent émaner d’une volonté politique, d’une démarche associative, d’un engouement médiatique ou un peu de tout ça à la fois ?

Ces trois aspects sont essentiels. Ceci étant dit, la plus grande part du financement de la ligne téléphonique SOS maltraitance animale devrait venir de l’État. Or ce financement tarde. Pour boucler le budget, nous travaillons avec un fonds de dotation, avec des entreprises privées et espérons la générosité du public pour atteindre la somme nécessaire au lancement du numéro.

Comment les citoyens peuvent-ils soutenir votre initiative et contribuer à la réussite de ce projet ?

Nous avons besoin de ressources, d‘environ 300 000 euros par an. Ce n’est pas une petite somme mais elle est indispensable pour sélectionner, former et suivre les répondants, pour analyser les informations recueillies lors des appels, pour communiquer sur l’existence du numéro…

Défis Anticipés et Solutions

Quels sont les principaux défis que vous anticipez dans la mise en place de ce numéro unique, et comment comptez-vous les surmonter ?

Nous sommes conscients que certains signalements ne concerneront pas de la maltraitance, mais des animaux en danger. La distinction est importante. Nous craignons donc un volume d’appels supérieur à celui que nous avons calculé ce qui entraînera des surcoûts car nous nous devrons également de les traiter, par responsabilité vis-à-vis des animaux.

Vision Politique

En tant qu’homme politique, quel regard portez-vous sur la politique du gouvernement actuel à l’égard des animaux ?

Depuis la loi contre la maltraitance animale de 2021, il n’y a eu aucune évolution. Pire, certains aspects de la loi en question ne sont toujours pas appliqués. Je suis donc extrêmement déçu. L’État doit prendre sa part dans ce projet de ligne SOS maltraitance animale. Ne serait-ce que parce que la maltraitance envers les animaux est liée à la violence envers les humains. Depuis un an, je me bats pour obtenir une réponse de l’État, mais en vain. Nous allons avancer sans leur soutien, mais c’est extrêmement décevant. Nous avons donc besoin du soutien financier des françaises et des français qui aiment les animaux et qui veulent voir ce magnifique projet aboutir.

Soutenez cette initiative pour donner une voix aux animaux maltraités. Ensemble, faisons de cette nouvelle ère une réalité.