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02/10/2025

Abandons d’animaux : ce que révèle la première étude nationale

Nous savons depuis toujours que la vérité sur les abandons est bien plus complexe que les raisons officielles. Aujourd’hui, la première étude nationale sur le sujet, menée par la SPA (Société Protectrice des Animaux) et la Fondation Affinity, vient le confirmer avec des chiffres qui font froid dans le dos.

  • 34 256 animaux sont actuellement présents dans les refuges, dont 10 395 en attente d’adoption.
  • Environ 38 000 animaux n’ont pas pu être pris en charge en 2024, faute de places.

Chiens : les causes réelles derrière les abandons

L’étude nationale de la SPA indique que 18 % des chiens sont officiellement abandonnés pour des « problèmes de comportement », tandis que 24 % le sont pour des changements de vie (déménagement, divorce, contraintes personnelles).

À AVA, notre expérience révèle que ces chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Les chiens agressifs, réactifs, malpropres, destructeurs ou incompatibles avec d’autres animaux et enfants deviennent rapidement difficiles à gérer pour leurs propriétaires. Ceux-ci invoquent alors des « raisons pratiques » : déménagement, divorce ou contraintes personnelles, pour justifier leur décision. Souvent, ces explications mettent en lumière la complexité de gérer certains aspects du comportement du chien.

Les chiens catégorisés ne sont plus l’exception dans les refuges

Parmi ces abandons, on note une part significative de chiens catégorisés : 11 % des prises en charge concernent certaines races : American Staffordshire Terriers, Mastiffs, Rottweilers…

Aujourd’hui, les chiens abandonnés ne sont plus les petits chiens « faciles » mais des chiens puissants, souvent catégorisés, difficiles à gérer et rarement sociables avec leurs congénères.

Face à cette croissance exponentielle du nombre de chiens jugés « difficiles » en refuge, nous plaidons pour :

  • L’adaptation des modes d’hébergement dans les refuges pour rendre les conditions de détention durables des chiens plus favorables à leur bien-être, sur le modèle d’AVA.
  • La création de sanctuaires pour les chiens jugés inadoptables
  • L’encouragement à dédier un pourcentage de sa capacité d’accueil à des chiens dits « difficiles », à condition d’avoir les infrastructures adaptées
  • La création de commissions pluridisciplinaires pour évaluer les chiens menacés d’euthanasie

AVA déplore être l’une des seules associations en France à être capable d’accueillir des chiens « dont plus personne ne veut » pour leur offrir un sanctuaire. Nous sommes convaincus que s’il existait davantage de structures comme la nôtre, davantage d’animaux pourraient être sauvés.

Chats errants : entre liberté et fausse catégorisation d’abandon

Les chats représentent 77 % des prises en charge en refuge, et beaucoup sont qualifiés d’« abandonnés » alors qu’ils sont simplement errants. Les chiffres de la SPA le prouvent : 50 % des chats accueillis sont des animaux errants ou « libres » qui ont été pris en charge.

À AVA, nous adoptons une approche différente : les chats errants, même s’ils vivent parfois dans des conditions difficiles, bénéficient d’une liberté essentielle à leur bien-être. Les retirer systématiquement de leur environnement naturel n’est pas toujours bénéfique pour leur bien-être physique et mental.

Cette approche nous permet de distinguer l’abandon réel d’un choix de vie autonome, et d’agir dans l’intérêt des animaux plutôt que de répondre à une simple catégorisation administrative. Trop souvent, des prises en charge inutiles saturent les refuges, au détriment des animaux qui ont réellement besoin d’un accueil.

Des refuges saturés et des animaux refusés

En 2024, 38 000 animaux ont été refusés par les refuges. Ces chiffres mettent en lumière un constat: il n’y aurait pas assez de places pour accueillir tous les animaux abandonnés, surtout ceux présentant des profils complexes.

Les comportements « gênants » ou la difficulté à gérer certains animaux errants expliquent pourquoi ces chiens et chats restent longtemps en refuge. Contrairement aux animaux « faciles », jeunes, sociables et en bonne santé, ces chiens et chats restent en refuge pendant des semaines, des mois, voire des années, saturant les structures et augmentant le risque d’euthanasie. De plus, certains chiens jugés « difficiles » nécessitent un hébergement individuel, ce qui réduit encore les capacités d’accueil du refuge. Ces animaux restent plus longtemps en structure, contribuant ainsi à la saturation des refuges.

Par ailleurs, certains refuges « sélectionnent » les chiens qu’ils accueillent selon des critères arbitraires : il est évidemment plus facile d’accepter de prendre en charge de gentils petits Bichons dont le propriétaire est décédé, que des Malinois ou des « Pitbulls » mordeurs. Nombre d’animaux « refusés » le sont donc aussi parce que les associations décident de ne pas les prendre, soit par manque de place, soit par manque de personnel suffisamment qualifié, soit par simple manque de volonté.

En conclusion, cette étude a le mérite de mettre enfin en lumière des chiffres concrets pour représenter l’abandon. Il faut cependant préciser que les structures ayant répondu à l’enquête, dont AVA, ne représentent qu’un échantillon de toutes les associations de protection animale en France.

Nous regrettons par ailleurs que l’étude ne questionne pas le sujet des euthanasies de convenance (non médicalement justifiées) pratiquées par les associations de protection animale et les fourrières.

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