Depuis plusieurs semaines, la colère gronde chez les éleveurs bovins. En cause : les abattages massifs ordonnés dans le cadre de la lutte contre la DNC – la Dermatose Nodulaire Contagieuse.
Derrière cet acronyme technique se cache une réalité brutale : des milliers de bovins abattus, parfois sans être malades, et des femmes et des hommes accablés par une gestion sanitaire vécue comme disproportionnée, rigide et profondément injuste.
À AVA – Agir pour la Vie Animale, nous refusons les simplifications. Défendre les animaux ne signifie pas nier la réalité de l’élevage ni les enjeux sanitaires. Mais agir pour la vie animale impose aussi de dénoncer des décisions qui tuent massivement, sans discernement, et sans véritable débat éthique.
La Dermatose Nodulaire Contagieuse est une maladie virale bovine, transmise principalement par des insectes piqueurs (moustiques, mouches, taons).
Elle provoque :
Mais la DNC est rarement mortelle.
Dans la majorité des cas, les animaux survivent, notamment lorsqu’ils sont suivis, isolés et soignés. Cette réalité rend d’autant plus incompréhensible, pour beaucoup, le choix d’abattages massifs et préventifs.
Face à la DNC, les autorités appliquent une stratégie dite de “stamping out” : dès qu’un cas est détecté, l’ensemble du troupeau peut être abattu, parfois même les troupeaux voisins dans un rayon de 50 km.
Sur le papier, l’objectif est clair : enrayer rapidement la propagation du virus. Sur le terrain, le résultat est sans appel : des animaux sains tués par précaution, des exploitations vidées, et un profond sentiment d’absurdité.
Au-delà de la souffrance animale, l’impact économique est colossal.
Pour les éleveurs, l’abattage d’un troupeau signifie :
Les indemnisations, lorsqu’elles existent, sont souvent jugées insuffisantes :
Pour certains éleveurs, cette crise marque un point de rupture économique et humain, pouvant conduire à l’endettement, voire à l’abandon pur et simple du métier.
Des vaccins efficaces contre la DNC existent et sont utilisés dans plusieurs pays.
Pourtant, les professionnels dénoncent :
À AVA, nous posons une question simple et légitime :
Pourquoi tuer massivement quand la prévention aurait pu limiter, voire éviter, ces drames ?
La crise actuelle n’est malheureusement pas un cas isolé.
Ces dernières années :
À chaque fois, le même scénario :
La DNC s’inscrit dans une logique désormais systémique, où l’abattage devient la réponse quasi automatique aux crises sanitaires de l’élevage.
Nous sommes ici dans une situation très française, où, sur le plan sanitaire, le principe de précaution prévaut systématiquement, parfois jusqu’à l’absurde.
Parmi les fidèles soutiens d’AVA, vous êtes nombreux à nous avoir écrit pour exprimer votre indignation. Et nous la partageons.
D’autant plus que, comme vous le savez, nous œuvrons actuellement ardemment – et grâce à votre soutien – pour sauver Agathe, Bibi et Zanzibar, trois bovins promis à l’abattoir (nous vous tiendrons informés prochainement de leur sauvetage).

Alors que nous nous battons pour eux, nous ne pouvons qu’exprimer notre colère face aux centaines, voire aux milliers d’autres bovins qui, eux, vont mourir dans l’indifférence générale.
Les projections sont alarmantes : le virus pourrait concerner jusqu’à 1,5 million de bovins. Derrière ce chiffre, ce sont autant de vies sacrifiées au nom d’une gestion sanitaire expéditive.
Il faut enfin avoir le courage de le dire : ce débat est en partie hypocrite.
Car la finalité reste la même : les animaux d’élevage sont destinés, tôt ou tard, à être abattus.
Les tuer aujourd’hui au nom de la DNC revient, en réalité, à avancer l’échéance d’une fin considérée comme inéluctable par notre système.
Mais cette lucidité ne doit pas conduire à l’indifférence.
Avancer la mort n’est pas anodin. Tuer par précaution n’est pas neutre.
Chaque abattage massif révèle une faille de notre modèle, de notre rapport au vivant et de notre capacité à envisager d’autres réponses.
Nous ne prônons ni le déni sanitaire, ni l’inaction.
Mais nous affirmons avec force que :
Agir pour la vie animale, c’est refuser que la facilité l’emporte sur la responsabilité.
C’est exiger des solutions plus justes, plus humaines, et plus respectueuses du vivant : même, et surtout, en temps de crise.