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29/10/2025

Ces tristes déséquilibres qui desservent la cause animale

Récemment, la Cour des comptes a épinglé la Fondation 30 Millions d’Amis pour sa gestion des fonds collectés : elle dispose d’environ 86 millions d’euros « mobilisables », soit l’équivalent de près de quatre années et demie de charges d’exploitation. Autrement dit : une association reconnue d’utilité publique, emblématique du combat pour la cause animale, récolte des sommes importantes… mais ne les engagerait pas pleinement sur le terrain.

Ce constat pose une question majeure : alors que de nombreuses associations plus modestes sont en première ligne, luttant pour chaque euro, pour chaque place dans un box, pour chaque vie animale sauvée, on assiste à un paradoxe : certains acteurs disposent de ressources qu’ils ne déploient pas (ou peu), alors que d’autres se battent au quotidien dans l’urgence.

Loin de nous l’idée de dénoncer la Fondation 30 Millions d’Amis qui, comme toute association, joue un rôle essentiel en faveur des animaux. La Fondation apporte son aide à de nombreuses « petites » associations, et elle a d’ailleurs témoigné son soutien à AVA par le passé. Nous lui en serons toujours reconnaissants.

Notre propos n’est donc pas de jeter l’opprobres sur la Fondation, mais de mettre en lumière à déséquilibre entre associations, ce qui dessert, in fine, la cause animale.

« Je ne peux pas vous faire de don car je donne déjà à la SPA, à la Fondation Brigitte Bardot et à 30 Millions d’Amis », entend-on très souvent.

Et nous le comprenons tout à fait ; votre générosité ne peut pas se démultiplier à l’infini, et il est tout à fait normal qu’elle soit attribuée aux associations en lesquelles vous avez le plus confiance en fonction de vos moyens.

Il en est de même pour le soutien des entreprises et des « personnalités publiques » : bien souvent, ces sources de financement potentielles pour les associations s’orientent vers celles qui ont le plus d’abonnés et/ou la plus grosse base de données… en espérant un retour sur investissement, quelle que soit sa forme. Comment les petites associations « peu connues » pourraient-elle alors rivaliser avec celles qui ont la notoriété la plus importante ?

Il en résulte que ce sont toujours les mêmes à qui bénéficie la générosité du public et des entreprises. Face aux « rouleaux-compresseurs » que sont les plus importantes associations de protection animale, les plus petites, elles, peinent à exister dans l’ombre.

Un appel à réorienter les priorités

Dans ce contexte, quand une structure collecte beaucoup mais maintient une réserve considérable, on peut légitimement se demander : pourquoi ne pas orienter davantage ces ressources vers les besoins du terrain : les sanctuaires, vers la prise en charge longue, vers les refuges modestes, mais essentiels ?

Face aux abandons massifs, à la difficulté de faire adopter des chiens et chats dits « difficiles », à recueillir des herbivores âgés, malades, handicapés, et tant d’autres animaux jugés « indésirables » / « inadoptables » à l’échelle nationale, nous militons ardemment pour la création de sanctuaires.

Les sanctuaires sont les seuls recours possibles qu’ont les animaux destinés à l’euthanasie ou à l’abattoir. Convaincus que tous les animaux ont le droit à la vie, il nous paraît essentiel que les ressources disponibles des plus importantes associations soient allouées à ces êtres vulnérables. La protection animale doit œuvrer pour tous les animaux, y compris pour ceux qui n’ont plus leur place dans la société en raison de leur comportement, de leur âge, de leur maladie, ou de leur « non rentabilité ».

Nous encourageons donc ces associations à investir dans la création ou l’aménagement de structures permettant :

  • des espaces adaptés aux animaux malades, vieux, chroniques, non adoptables ;
  • des structures de taille raisonnable, mais bien équipées, à dimension humaine, avec des équipes motivées comme la nôtre ;
  • la formation des équipes de terrain pour une meilleure prise en charge individualisée
  • un soutien financier visant à alléger la pression quotidienne des refuges de proximité qui peinent à boucler les budgets.

Contre-poids nécessaire

Il ne s’agit pas ici d’un « procès » ou d’une critique virulente envers une structure particulière : nous saluons l’engagement de tous ceux qui œuvrent pour les animaux. Mais nous croyons fermement que dans le secteur animalier, l’équité dans la distribution des moyens est essentielle :

  • Les grandes associations assurent une visibilité médiatique et mobilisent des fonds importants.
  • Mais les petites et moyennes associations, les refuges locaux, les sanctuaires en devenir : elles sont les sentinelles de terrain.
  • Le déséquilibre qui en découle fragilise l’ensemble de la chaîne de la protection animale.

Forte de 40 ans d’existence et d’expérience, AVA se tient à la disposition de toutes les associations et fondations qui auraient pour projet de bâtir des sanctuaires et/ou d’adapter leurs structures pour permettre un hébergement durable plus qualitatif. Multiplier les lieux de vie pour animaux délaissés, sur la base du modèle de sa ferme-refuge du Quesnoy, serait, assurément, une réponse aux euthanasies de confort contre lesquelles il faut se battre main dans la main. L’union des associations dans ce combat serait alors la révolution dont la « protection animale » a besoin.

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