En septembre 2022, 36 ans après l’ouverture de son premier refuge à Cuy-Saint-Fiacre (Seine-Maritime), abritant actuellement plus de 500 animaux, l’association AVA – Agir pour la Vie Animale inaugure non loin de là, son deuxième sanctuaire, La Coloc d’AVA, à Rouvray-Catillon (Seine-Maritime), tout près de Forges-les-Eaux.
Des chiens et des chats sauvés d’une euthanasie injustifiée, mais aussi des poules réformées d’élevage, des paons, chèvres et boucs abandonnés, un poney de centre d’équitation à la retraite…
Plusieurs dizaines d’animaux de compagnie, de ferme, de loisir et d’ornement, ont déjà élu domicile au refuge des Sablons.
Comme Lascar, un poney réformé de centre équestre, qui a servi toute sa vie à apprendre l’équitation à des enfants / adolescents ou Roxanne, une Yorkshire qui a été placée car le mode de vie de sa propriétaire ne correspondait pas à ses besoins : il lui fallait de l’espace, se défouler, être stimulée… un environnement qui lui est désormais offert au refuge des Sablons.
Tous ont en commun d’avoir échappé à l’euthanasie ou à l’abattoir : leur offrir une nouvelle vie, une maison pour le restant de leurs jours, dans un lieu pensé pour leur bien-être, constitue l’ADN-même de l’association AVA.
UN LIEU DE VIE POUR TOUTES LES VIES ET POUR TOUTE LA VIE
Contrairement aux refuges « classiques », il n’y a aucune cage, aucun box, ni aucune forme d’enfermement aux Sablons. Ici, tous les animaux vivent ensemble, en liberté, dans un domaine verdoyant de plus de 3 hectares, équipé, entre autres, d’une piscine couverte et chauffée pour permettre aux chiens de nager. Les animaux peuvent séjourner dans ce lieu jusqu’à la fin de leur vie s’ils ne trouvent pas d’adoptants.
Mais la particularité de ce refuge familial est que les animaux partagent leur quotidien avec les humains qui vivent avec eux. L’objectif : permettre aux humains comme aux non-humains de bien vivre et de bien vieillir ensemble, en harmonie, en s’apportant des bienfaits mutuels.
Ainsi, pour la première fois en France, ce refuge propose un modèle d’accueil inédit destiné à la fois aux animaux vulnérables et aux personnes âgées. Maxime Légier, en est le premier bénéficiaire. Et c’est un juste retour des choses puisqu’il n’est autre que le fondateur historique du premier refuge AVA (1986), avant que celui-ci ne soit repris par le Dr vétérinaire Thierry Bedossa en 2003.
« J’ai toujours vu Maxime entouré d’animaux, c’est lui, et son épouse Jenny, qui m’ont appris qu’on pouvait vivre au milieu des animaux, dans le respect et la bienveillance. Depuis la mort de Jenny, je ne pouvais pas laisser Maxime se laisser aller, je voulais lui permettre de rester avec les animaux, en sécurité », explique Thierry Bedossa.
Face à la santé en déclin de Maxime, une infirmière salariée a été recrutée pour veiller sur lui… mais aussi sur les animaux. Sophie est infirmière pour les humains, mais elle connaît également les animaux et avait besoin d’un tournant dans sa vie, avec son fils qui est encore un enfant. Nous les avons accueillis tous les deux aux Sablons, dans l’une des trois maisons de la propriété, pour leur offrir ce nouveau départ, et permettre à Sophie de s’occuper de Maxime et des animaux, avec la même bienveillance et la même expertise.
PERMETTRE AUX PLUS VULNERABLES DE VIEILLIR ENSEMBLE
Cette colocation intergénérationnelle et inter-espèces n’en est qu’à ses débuts : « Cette manière de séparer les personnes âgées de leurs animaux de compagnie pour les mettre dans des EHPAD et autres collectivités, m’indigne profondément », dénonce le Dr Bedossa, particulièrement marqué par le récent scandale Orpéa. « Mon objectif est de trouver une autre voie pour permettre à ceux qui le souhaitent de continuer à bien vivre et à bien vieillir avec les animaux qu’ils aiment ».
Ce nouveau modèle de refuge est encore expérimental. A long terme, d’autres personnes âgée pourraient nous rejoindre et y résider, tout comme d’autres animaux, mais aussi des personnes écovolontaires. « La seule condition sera la bonne entente entre les individus et la co-optation par les résidents, humains comme non-humains », conclut Thierry Bedossa.