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25/03/2022

Comment nos vétérinaires s’engagent à AVA ?

Chers Amis,

A travers cet article, nous tenions à rendre hommage à notre équipe de vétérinaires si passionnés et si engagés, qui ne comptent pas leurs heures pour venir en aide aux protégés de notre Refuge. Sans eux, nous ne pourrions mener à bien nos missions.

Pour comprendre l’importance de l’investissement de nos vétérinaires partenaires, laissez-nous vous raconter notre histoire

Nous sommes au début des années 1990. Alors tout jeune vétérinaire, alternant remplacement dans des cliniques vétérinaires en région parisienne et actions de protection animale sur des populations de chiens et chats libres dans des pays moins développés (Yougoslavie en guerre, Turquie), Thierry Bedossa rencontre Maxime et Jenny Légier, un couple d’amoureux des animaux indigné par les mises à mort injustifiées : les euthanasies de convenance des animaux de compagnie et l’abattage massif des animaux de ferme et de loisir. Maxime et Jenny Légier sont les fondateurs de l’association Assistance aux Vieux Animaux. Leur refuge, situé à Cuy-Saint-Fiacre, en Seine-Maritime, a vocation à offrir une maison de retraite à des animaux de toutes espèces devenus « indésirables ». Thierry Bedossa, lui-même horrifié par les mises à mort arbitraires, y est bénévole.

Quelques années plus tard, l’association connaît une grave crise financière qui met en péril son existence, et menace la survie des animaux hébergés. Thierry Bedossa, déjà très impliqué au sein de l’association, rachète le refuge pour le sauver de la faillite, pérenniser les emplois et surtout garder en vie les animaux recueillis. En 2004, Assistance aux Vieux Animaux devient Aide aux Vieux Animaux.

Une véritable révolution s’opère au refuge. Tout est à bâtir. Antoine Bouvresse, étudiant vétérinaire à l’Ecole nationale de Maisons-Alfort, a Thierry Bedossa pour attaché d’enseignement chargé de Travaux Dirigés en Ethologie (science du comportement animal) et Zootechnie (techniques d’élevage et de sélection artificielle). Il lui demande de faire un stage au sein de sa clinique vétérinaire, à Neuilly-sur-Seine. C’est au cours de ce stage qu’Antoine Bouvresse découvre AVA et y passe plusieurs jours. Il contribue à la renaissance du refuge en créant les enclos, en posant les grillages, les poteaux… Le futur Dr Bouvresse participe à ce qui deviendra le futur refuge AVA tel qu’il est aujourd’hui.

Transmission de savoirs

Antoine Bouvresse réalise son stage de fin d’études à AVA. Il travaille sur l’éthologie et le bien-être des vaches : « Il y a à AVA les plus vieilles vaches de France, donc c’est intéressant de comparer les données de la littérature scientifique en éthologie du bien-être des bovins, avec ce que l’on observait à AVA dans un contexte assez inédit », se souvient-il. Son mémoire est le fruit d’un long et précieux travail sur les aménagements et enrichissements destinés aux bovins.

Depuis, le Dr Bouvresse n’a jamais cessé de s’investir pour AVA. Vétérinaire sanitaire bénévole, il est longtemps retourné au refuge à raison d’une visite hebdomadaire : « Je passais une journée au refuge, m’occupais des animaux qui en avaient besoin sur place, et amenais éventuellement ceux qui n’allaient pas bien à la clinique de Neuilly pour réaliser des examens complémentaires, juste avant de commencer ma garde à 19h. J’ai beaucoup appris, et prenais plaisir à réaliser ces visites sanitaires avec Thierry. On faisait un vrai tour complet des installations pour observer tous les animaux, mais aussi leurs environnements. Par exemple, auparavant, il n’y avait pas de végétation autour des enclos des chiens, donc dès que l’on passait devant eux, les chiens se mettaient à réagir. Thierry a fait des pieds et des mains pour que l’on plante des arbres, qu’on laisse la végétation pousser, ce qui leur permet aujourd’hui de s’isoler de la moindre réaction ».

Aujourd’hui, si le Dr Bouvresse avoue avoir moins de temps de se rendre sur place, il est toujours aussi disponible pour apporter son expertise à l’équipe de soigneurs du refuge, notamment grâce à la télémédecine vétérinaire. « Avec AVA, c’est plus qu’un partenariat, c’est un deal d’amitié qui dure depuis 15 ans. C’est une contribution à l’association : au lieu de lui donner de l’argent, on lui apporte nos compétences et notre disponibilité ».

Médecine de collectivité et médecine de l’individu

Son associée, le Dr Claire Frey, l’épaule également. En 2007-2008, alors qu’elle est sa colocataire sur le campus de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort, elle découvre elle aussi Thierry Bedossa, sa clinique et le refuge AVA. Comme son ami et confrère, elle y réalise son stage de fin d’études, puis devient vétérinaire sanitaire bénévole. Cet engagement n’a jamais cessé depuis. « Lors de mes visites sanitaires, explique le Dr Frey, je fais le tour des animaux malades, qui sont en suivi de traitement, ou qui ont des maladies chroniques dont on doit réfléchir aux traitements de fond, à la réalisation d’éventuels examens complémentaires etc. Je les examine sur place, et si besoin, je les envoie dans un établissement vétérinaire en fonction de la situation. Mais je profite aussi de ce tour pour regarder de manière plus générale, l’ensemble de la collectivité : le but est d’avoir une vision globale des animaux du refuge pour émettre des recommandations ».

En effet, pour nos vétérinaires, il est à la fois nécessaire d’avoir une approche individualisée pour chaque animal, mais aussi de porter un regard sur toute la collectivité : « En consultation, quand on voit des animaux, on n’est pas très décisionnaire sur leur environnement. Là, à AVA, on peut agir sur l’environnement de la collectivité et voir les impacts que cela a sur eux. On essaie de faire en sorte que nos traitements soignent l’individu sans avoir d’incidence négative sur la collectivité. C’est notamment le cas concernant l’usage raisonné qui est fait à AVA des antibiotiques, antiparasitaires, etc. Il faut toujours trouver la meilleure balance pour ne pas négliger la médecine individuelle sans toutefois tomber dans la surmédicalisation des individus qui pourrait devenir délétère pour la collectivité », explique-t-elle.

Le digital au service de la santé animale

Comme le Dr Bouvresse, le Dr Frey se rend particulièrement disponible via les outils digitaux pour prêter main forte aux soigneurs d’AVA, tout comme le faisait le Dr Bedossa avant eux. Avec une telle équipe, la relève est assurée ! « Whatsapp, c’est devenu notre outil pour gérer les urgences à distance. Pour les soigneurs sur place, c’est le moyen d’avoir un premier avis vétérinaire en cas d’urgence », déclare le Dr Frey. Cette dernière a d’ailleurs formé une partie des soigneurs pour que ceux-ci soient capables de l’aiguiller au maximum à distance : « Aujourd’hui, un soigneur d’AVA est capable d’évaluer l’état général d’un animal, de prendre ses paramètres vitaux (muqueuses, température, fréquence cardiaque), de décrire s’il est déshydraté ou pas, etc. Il peut de manière assez précise nous décrire l’état d’un animal, et nous envoyer des photos et des vidéos qui nous aident à établir un diagnostic. Cela nous permet de donner de premières indications. » Et elles sont ô combien précieuses !

Chaque jour, ce sont plusieurs heures que le Dr Bouvresse et le Dr Frey consacrent aux animaux d’AVA, même à distance, en plus de leurs propres consultations, dans leur clinique de Rueil Malmaison. « Cela demande une certaine vigilance, de la réactivité, et surtout une grande implication. Ce matin, en me réveillant, ma première pensée a été pour Napo, un vieux chien du refuge qui ne va pas bien en ce moment. Mais je n’ai jamais perçu cet investissement comme un poids. Cela me fait plaisir de le faire. J’aime tellement cet endroit : les animaux, l’équipe, la philosophie… c’est un honneur de faire partie d’un endroit si émouvant », conclut le Dr Frey. »

Sauver de l’euthanasie

Les équipes de la clinique vétérinaire Championnet (Paris 18ème) et du Pont de Neuilly (Neuilly sur Seine, 92), fondées par le Dr Bedossa et le Dr Benaim, ne sont pas en reste. Le Dr Bruno David Benaim, chirurgien vétérinaire, est lui aussi très impliqué dans le suivi des protégés du refuge. « Lorsque je me suis associé à Thierry en 2007, il m’a proposé de faire les interventions chirurgicales des animaux d’AVA. J’ai accepté parce que le projet d’AVA était beau : cela me plaisait de m’impliquer dans l’aide à ces animaux. Les années ont passé et on a établi une coopération qui s’est affinée avec le temps. L’équipe d’AVA s’est formée petit à petit aux indications, aux urgences et au suivi chirurgical, ce qui a permis d’affiner ce partenariat pour des suivis de plus en plus pointus ».

Ce partenariat bénévole fonctionne d’ailleurs dans les deux sens : « Nous opérons avec grand plaisir les animaux du refuge, mais quelquefois, c’est à mon tour de solliciter AVA quand je suis confronté à des clients qui ne peuvent plus prendre en charge leurs animaux ».  Cela a d’ailleurs été le cas pour la petite Harmony, Bouledogue française abandonnée à la Clinique vétérinaire du Pont de Neuilly en raison de son hernie discale, ou de Nachos, que le Dr Benaim et le Dr Bedossa ont sauvé de l’euthanasie à laquelle son ancien propriétaire a bien failli le condamner à cause de ses maladies congénitales. « Tant qu’il y a quelque chose à faire pour un animal, je le ferai. Même si AVA n’existait pas, jamais je n’euthanasierais un animal pour qui il reste une chance. N’importe quel individu a le droit à des soins », estime le Dr Benaim.

Sauver un animal de l’euthanasie est arrivé plus d’une fois au Dr Guillaume Germain, vétérinaire à la Clinique vétérinaire du Pont de Neuilly. Cela a été le cas, entre autres, pour Calvyn, un chat âgé, obèse et diabétique dont la propriétaire ne voulait plus s’occuper. Malgré sa condition, Calvyn n’était pas en situation de souffrance ; il n’était donc pas envisageable de mettre un terme à sa vie au motif qu’il était devenu un poids trop lourd à porter pour son ancienne propriétaire. Le Dr Germain, profondément touché par les valeurs d’AVA, a donc décidé d’épargner la vie de ce pauvre Calvyn et de lui offrir une retraite douillette dans un environnement adapté à ses besoins. De nombreux autres chats qui devaient être condamnés ont fort heureusement connu le même destin grâce à la bienveillance du Dr Germain !

Si AVA est devenue, en 2019, Agir pour la Vie Animale, afin que son nom corresponde davantage à la diversité de ses missions actuelles (AVA n’aide pas que les vieux animaux !), c’est donc aussi grâce à ses vétérinaires partenaires. 

Hélas, tous les vétérinaires ne témoignent pas toujours la même humanité. C’est ce que déplore le Dr Bedossa : « Combien de vétérinaires praticiens font preuve d’un tel engagement ? Combien ? Posez-vous cette question quand vous allez voir votre vétérinaire : quel est son engagement pour la condition animale ? »

A contrario, la profession vétérinaire reste impliquée dans des systèmes où les cruautés infligées aux animaux demeurent inacceptables : « Comment l’expérimentation animale, l’élevage intensif et l’abattage centralisé peuvent-ils continuer à exister dans leurs formes actuelles ? Parce que ces systèmes reposent sur l’implication de vétérinaires à leurs côtés », s’indigne le Dr Bedossa. « Si vous demandiez tous aux vétérinaires que vous connaissez de s’engager et de cesser ces pratiques, tous ces systèmes ne pourraient plus exister. »

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