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29/04/2022

Deux prises en charge d’exception à la ferme-refuge AVA

Nous avons récemment accueilli au sein de notre ferme-refuge deux chiens au passé et aux caractères « difficiles ». Leur histoire mérite d’être partagée avec vous !

Doug, Golden retriever d’1 an

Doug est un Golden retriever d’un an qui a consulté notre Président, le Dr vétérinaire Thierry Bedossa, et Sarah Jeannin (psychologue et Dr en Ethologie) en médecine du comportement à la Clinique vétérinaire du Pont de Neuilly. Motif de la consultation : Doug a mordu plusieurs fois les membres de son foyer. Le jeune chien grognait parfois au seul appel de son prénom, ce qui terrorisait sa famille… La situation pour elle n’était plus tenable.

A l’issue de cette consultation, le Dr Bedossa et Sarah Jeannin ont émis un certain nombre de recommandations pour aider le foyer à s’apaiser. Mais cela n’a pas été suffisant. Doug a alors été confié à notre association. Au sein de notre ferme-refuge, Doug était hébergé seul, dans un enclos extérieur sécurisé et aménagé. Plutôt méfiant au premier abord vis-à-vis des inconnus, il s’est rapidement détendu et lié à ses soigneurs. Séverine, l’une de nos responsables soigneuses (qui est aussi comportementaliste et pratique la communication intuitive animale), a passé beaucoup de temps à lui redonner confiance, à l’entraîner avec une approche d’éducation amicale (clicker training), à lui parler avec un ton joyeux et une voix aigüe (« baby-talk ») de manière à associer de manière positive les interactions entre Doug et les humains. Dans notre environnement, et avec une approche bienveillante, Doug ne s’est jamais avéré dangereux, et n’a jamais montré d’agressivité.

 

Après seulement quelques semaines « au vert », Doug a finalement trouvé un nouveau foyer : il a été adopté par le père de l’une de nos soigneuses ! Aujourd’hui, Doug vit dans un environnement qui lui est favorable, tout se passe bien, et son nouveau « papa » est comblé !

Spoke, Doberman d’1 an

Spoke est un jeune Doberman qui a lui aussi consulté le Dr Bedossa et Sarah Jeannin en médecine du comportement. Et quelle consultation ! Spoke était jugé si dangereux par ses propriétaires que ces derniers l’ont emmené à la Clinique dans une cage recouverte d’un drap… Spoke n’en est pas sorti de toute la consultation, une première !

Spoke est un chien importé de Serbie. Il partage son quotidien avec un couple extrêmement bienveillant, qui a tout fait pour répondre à ses besoins (allant même jusqu’à lui offrir un tapis de course). Malgré tous leurs efforts, Spoke est un chien « en colère », qui ne s’entend ni avec les humains ni avec les autres animaux. Ses seuls amis sont ses propriétaires. Après plusieurs morsures, la situation est devenue invivable pour tout le foyer : c’est donc un véritable appel au secours que les propriétaires de Spoke ont lancé au Dr Bedossa et à Sarah Jeannin.

Ces derniers leur ont alors recommandé de se faire aider par Eléonore Buffet, éducateur canin et comportementaliste, et Présidente d’Animal University, avec laquelle nous travaillons depuis de nombreuses années (Éléonore a longtemps travaillé à AVA et y organise chaque année des formations « Éducation et rééducation de chiens de refuge »). A distance, Éléonore a donc guidé et conseillé les propriétaires de Spoke. Mais pour leur permettre de « souffler », elle leur a également recommandé de confier leur chien à notre association de manière temporaire, en pension.

C’est donc à ce moment-là que nous avons fait la rencontre de Spoke, hébergé dans notre ferme-refuge, dans un enclos extérieur sécurisé. Comme avec Doug, Séverine a alors passé beaucoup de temps auprès du Doberman : lui parler avec entrain et gaieté, lui apprendre des ordres de base à travers le grillage et grâce aux méthodes de renforcement positif, l’entraîner à passer d’un enclos à un autre à travers une trappe, lui apprendre à porter une muselière, à toucher une cible avec la truffe, à utiliser son flair, le nourrir à travers une trappe, sont autant d’éléments mis en place par notre soigneuse pour créer un lien avec Spoke et apaiser sa colère sans se mettre en danger. Ce sont des méthodes similaires à celles employées avec les animaux sauvages dans les parcs animaliers.  

« Le fait de se retrouver seul dans un parc peut lui permettre de se connaître, de se concentrer sur lui-même et d’apprendre à se faire confiance pour retrouver un équilibre personnel et une autonomie durable. A la descente de sa voiture, j’ai vu un chien fort au bout de la longe, prêt à en découdre avec tout le monde. Mais c’était un sentiment de force avec son maître. Seul, il se révèle différent, il sursaute et aboie sur ce qui l’entoure sans agressivité, juste par méconnaissance », explique Séverine.

https://www.youtube.com/watch?v=DT1XLBSSnQc

Spoke a fait d’immenses progrès à une vitesse fulgurante. Chaque jour, grâce à WhatsApp, Séverine envoyait des vidéos des évolutions de notre pensionnaire à l’ensemble de notre équipe (le Dr Bedossa, Sarah Jeannin, Eléonore Buffet…). Ainsi, grâce à ces échanges quotidiens, toutes les expertises pluridisciplinaires étaient mises à profit dans l’intérêt du beau Doberman.

« Le port de la muselière, même en liberté à la maison, modifie fortement son état émotionnel et le rend plus réactif. Le contexte à AVA est fort différent et tout nouveau pour lui, déjà parce qu’il a la possibilité de s’éloigner lorsqu’il a peur, ce qui n’a jamais été possible avant puisqu’il n’a jamais été autrement qu’en laisse courte; Aussi, je l’espère s’il a la possibilité de voir des interactions amicales entre les humains et ses voisins de parc. Pouvoir observer ces situations devraient beaucoup l’aider », explique Eléonore Buffet.

De cette expérience, Séverine en a conclu que Spoke était un Doberman féru d’apprentissages. Ce n’est pas « un mauvais chien », et il n’a pas « de mauvais maître », mais il n’a simplement pas le cadre de vie adapté. Ce Doberman serait un bon chien de travail, et c’est sans doute ce qui lui permettrait d’être bien dans ses pattes, plutôt que d’être un « chien de compagnie »…

Après quelques semaines de pension, Spoke est rentré chez lui. Il a fait la fête à ses propriétaires et la vie a repris son cours. Désormais conscients de ne pas pouvoir offrir à leur chien l’environnement de vie adapté, ses maîtres sont ouverts à l’idée de lui trouver un nouveau foyer.

Ce que ces histoires nous enseignent

Les cas de Doug et de Spoke sont très intéressants à plusieurs niveaux :

Ils montrent avant tout que, contrairement à une idée reçue, l’abandon n’est pas forcément une fatalité. Ce peut au contraire être un acte responsable, une occasion d’offrir à son chien un nouveau départ. Lorsque la vie est intenable pour l’animal comme pour son foyer, demeurer ainsi pendant 10 ou 15 ans n’a aucun sens. C’est même dans ces situations que survient la maltraitance. Chercher une solution pour sortir de ce qui peut devenir « un enfer » est la meilleure attitude à avoir !

Ces histoires montrent également que l’euthanasie n’est pas la seule issue. Ces chiens sont très jeunes (1 an) et en parfaite santé. Ce n’est pas parce qu’ils ont mordu qu’il fallait les mettre à mort ou les abandonner sauvagement sur le bord de la route. Cela aurait été profondément injuste et cruel ! Lutter contre les euthanasies de convenance est le premier de nos combats.

Les chiens sont des individus, des personnes à part entière. Parfois, même avec les plus bienveillants des propriétaires, leur vie ne leur convient pas, et personne n’y peut rien. Des facteurs génétiques et environnementaux peuvent pousser un chien à devenir agressif. Ce n’est qu’avec de la bienveillance, de la compréhension et du respect mutuel, que l’Homme et le chien peuvent apprendre à cohabiter harmonieusement.

C’est cette approche que nous adoptons à la ferme-refuge AVA, et c’est celle qui nous permet de sauver des vies. Nous n’imposons rien à nos protégés et nous ne leur demandons même pas d’être de parfaits chiens de compagnie facilement réadoptables. Nous les acceptons simplement comme ils sont, avec leur personnalité, et nous nous ajustons à eux au lieu de leur demander de s’adapter à nous. Nous répondons à leurs besoins individuels, interagissons positivement avec eux sans jamais les contraindre, aménageons leur environnement et leurs activités quotidiennes… Ainsi, forts de 30 ans d’expérience de terrain et forts de nos nombreuses connaissances en sciences du comportement, nous pouvons l’affirmer : cette approche fait des miracles !

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